Origine des poudres pyroxylées

Origine des poudres pyroxylées

L'histoire des poudres modernes commence avec la création de composés explosifs obtenus en traitant certaines substances organiques par l'acide azotique.

les Poudres pyroxylées

C'est en 1832, que le chimiste français Henri Braconnot découvrit que l'action de l'acide nitrique concentré, sur de l'amidon ou des fibres ligneuses, produisait un corps léger et combustible, auquel il donna le nom de " Xyloïdine ".

poudre vihtavuoriQuelques années plus tard, un autre chimiste français, Jean-Baptiste Dumas, traita de la même manière du papier et du carton, et obtint une substance analogue qu'il appela Nitramidine. Mais les produits obtenus étaient très instables et ne purent être employés pour des utilisations pratiques.

Le suisse Schônbein annonca, vers la fin de 1845, une amélioration très sensible, en traitant du coton par un mélange d'acides nitrique et sulfurique, mais, pendant un temps très court, pour éviter une altération de la substance fibreuse.  C'est ce dernier produit qui prit le nom de coton-poudre ou fulmicoton ; le chimiste français Pelouze proposa le nom de " Pyroxyle ' qui désignait à l'origine tous les dérivés nitrés des substances ligneuses.

Le coton Poudre

La première fabrication française de coton-poudre fut entreprise au Bouchet en 1846, puis, par la suite, au Moulin-Blanc, près de Brest. A partir de cette époque, l'on se livra, dans toute l'Europe, à de très nombreux essais et expériences qui, il faut bien le dire, furent décevants et souvent catastrophiques. Il se produisait quelquefois des phénomènes de décomposition spontanée, sans que l'on puisse en déterminer les causes.

L'on s'aperçut, par la suite, que les traces de matières grasses restées dans un coton insuffisamment lavé et épuré prenaient part à la nitration. Les travaux déterminants qui allaient permettre l'industrialisation du coton poudre furent entrepris par Von Lenk, en Allemagne, et surtout par le chimiste anglais Abel qui imagina un procédé de fabrication du coton-poudre réduit en pâte et comprimé.

Mais, si l'on avait trouvé une solution à peu près satisfaisante, en ce qui concerne la stabilité, l'emploi dans les armes restait très aléatoire, en raison de l'action brisante.

Un fusil d'infanterie de l'époque, qui pouvait supporter une moyenne de 3000 coups de poudre noire ordinaire, était mis hors d'usage après 500 coups tirés avec le coton-poudre. On essaya donc de diminuer la vitesse de combustion de diverses manières, et il est curieux de constater que certains de ces procédés tenaient plus du subterfuge que d'une recherche d'amélioration par une modification de la structure même de la substance.

C'est ainsi par exemple que, pour les pièces d'artillerie, Lenk imagina d'enrouler un cordon de coton-poudre autour d'un cylindre de bois creux, fermé aux deux extrémités ; l'inflammation était obtenue au moyen d'une étoupille à percussion. Dans la première phase de la combustion, l'élévation de la pression faisait démarrer le projectile, puis le cylindre de bois s'écrasait, et le volume de la chambre à poudre était brusquement augmenté ; faisant ainsi tomber brusquement la pression au moment critique.

Mais, finalement, le coton-poudre fut abandonné comme moyen propulsif, et employé seulement dans les mines ou pour charger, sous forme comprimée, certains projectiles creux d'artillerie.

Les chercheurs sont cependant gens obstinés ; il suffisait de trouver le moyen de " discipliner ce pyroxyle ".

L'une des premières poudres pyroxylées créées en 1 864 par le capitaine Schultze n'a été qu'une transition ; c'est l'ingénieur français Paul Vieille qui apporta en 1884 la solution définitive, en gélatinisant le coton-poudre dans un solvant volatil éther-alcool, créant ainsi la première poudre colloïdale à simple base.

Les deux principaux obstacles s'opposant à l'utilisation du coton-poudre dans les armes portatives étaient d'un seul coup surmontés ; d'une part, la combustion par couches parallèles apportait la régularité ; d'autre part, la possibilité de régler le taux d'azote permettait d'agir sur le potentiel et la force, et d'adapter ainsi les charges à une grande variété de bouches à feu.

Si les noms de nombreux chercheurs, savants et balisticiens ont jalonné les étapes successives du développement et de la mise au point des premières poudres pyroxylées, il était bon de rappeler (on l'oublie trop souvent) qu'à l'origine de la découverte et à l'aboutissement des recherches sont liés deux noms français.